Le travail sous stress en Krav Maga

Qu’est ce qui se passe lorsque l’on travaille sous stress ? Quels sont LES cerveaux qui jouent un rôle lors d’une agression ? Pourquoi le Krav Maga permet de trouver des solutions adaptées ? Des questions qui méritent d’être posées… Joël M. (P2 en Krav Maga) y apporte une réponse.Pour acquérir un bon niveau technique, il faut :

• s’entrainer
• passer des grades
• se remettre en question

Jeremy VANDEROOST ne cesse de nous le répéter… Au cours, on voit et revoit nos techniques, on réalise des exercices de stress. Les entrainements  nous aident à les maitriser… Et après?

Chacun d’entre nous le sait, nous pratiquons une technique de défense qui a pour objectifs:

• De sortir le plus rapidement possible d’une situation d’agression
• Sans être blessé
• Sans que notre agresseur (ou nos agresseurs) ne puissent encore, directement, nous nuire à nous ou à nos proches

C’est pour cette raison que nos entrainements sont structurés. Mais, quelle est la logique derrière cette structure ? Comment ce type d’entrainement augmente-t-il nos chances d’atteindre ces objectifs ? Et surtout, qu’est-ce qui fait la différence avec les autres sports de combat?

Pour répondre à ces questions, je vous propose un voyage dans le monde “obscure” des neurosciences.

Neurosciences

Notre première arme en cas d’agression sera notre cerveau. Il faut en prendre conscience, c’est lui qui va guider nos mouvements, coordonner ceux-ci et donner au corps les moyens (hormones, flux électriques, …) d’assurer la suite…. ou pas !

Comment toute cette synchronisation va-t-elle s’organiser ? Quel lien avec la logique d’entraînement?

Une agression est une information, celle-ci nous est transmise par un ou plusieurs de nos sens. Elle arrive au cerveau, il va donc “traiter” cette information et toujours suivant une même logique, le parcours de l’information suivra le même chemin.

Si l’on coupe un cerveau en coupe transversale, il est composé de 3 parties:

Le reptilien: Siège des réflexes.
Sa fonction est très simple: assurer notre survie. C’est la partie le plus ancienne, l’information n’y fera qu’un bref passage. le reptilien enverra si nécessaire un ordre “réflexe” (je rattrape ma brosse a dents)

Le limbique: Siège des émotions.
Cette partie du cerveau gère tout ce qui est connu. Elle est binaire (c’est noir ou blanc), pas de nuance. Je connais ou non, j’ai vécu ou pas. Bref, le limbique est notre bibliothèque personnelle et se charge des expériences et les catégorise pour créer une émotion. Une particularité du limbique, comme il gère le connu, il est capable de nous mettre sur un mode mental “automatique”… tel stimuli, telle façon de faire et ce de façon totalement inconsciente.

Le néo-cortex ou cortex pré-frontal: Siège de la réflexion.
Partie du cerveau qui gère l’inconnu. Elle est beaucoup plus souple, s’adapte, est ouverte au changement. C’est notre partie créative, artistique, intelligente.

Transfert de l’information

Quelle que soit l’information, elle arrive d’abord au reptilien. C’est lui qui va assurer notre premier mouvement réflexe en cas d’attaque. Il transmet aussitôt l’information au limbique . Le cerveau limbique analyse alors rapidement l’info, trie dans nos connaissances, notre vécu et, il va provoquer le stress… si il ne connait pas.
Physiologiquement, il libère  de l’adrénaline et du cortisol qui vont nous donner de l’énergie …ou nous figer sur place selon la dictature du limbique. Notre neo-cortex aimerait aussi s’en mêler mais l’adrénaline à pour fonction de ralentir le transfert d’information vers ce dernier, résultat, il augmente le stress!

Donc, monsieur et madame tout le monde, seront face à une agression victime de leur propre cerveau, coincés par une émotion de stress telle qu’ils auront de forte chance d’adopter un comportement inapproprié (inertie, courir vers l’agresseur ou une voix sans issue…)

Exercices de drill en Krav Maga, pourquoi ?

Mais si je fais du Krav ça change quoi ? Ne vais donc pas stresser ?

L’entraînement proposé dans notre discipline est conçu pour répondre à cette logique du traitement de l’information par le cerveau. La phase technique enrichit notre “bibliothèque” limbique.
La phase de mise sous stress, permet au limbique de s’habituer, de “ranger” telle attaque dans tel tiroir de notre “mémoire”, de nourrir notre reptilien du bon réflexe.

Je ne peux pas dire qu’il n’y aura pas de stress, une agression reste éprouvante… mais à moindre mesure. Pourquoi?

Un pratiquant entraîné, constant, et assidu “formate”, prépare son cerveau à cette situation.
Si elle se présente, l’information “agression” arrive au reptilien (premier réflexe) mais probablement le bon (vous lui avez déjà explosé les génitales ;-))… elle sera transmise au limbique… (lui, il cherche dans ses dossiers… ah je connais…. et lance notre cerveau en mode automatique) raison pour laquelle certaines personnes après coup diront : “je ne sais pas exactement ce que j’ai fait, mais ils étaient tous les deux à terre dans leur sang”

Mode automatique qui, s’il est bien rodé, reproduira vos habitudes de l’entrainement (multiplier les frappes, scanner l’environnement, courir vers une issue dégagée…)

Le mode automatique nous fait agir, avec un peu de chance, la maîtrise sera telle que plutôt que le mélange “Adrénaline/Cortisol”, votre cerveau libère “Dopamine/sérotonine”. Les hormones du plaisir (n’en culpabilisez pas… c’est inconscient !)

Vous l’aurez compris, une réflexion poussée n’a pas sa place dans cette situation. Ce n’est pas le moment !
Par contre, elle peut l’avoir à l’entrainement, soyons curieux, posons les bonnes questions, corrigeons nos mouvements, etc. ce n’en sera que plus riche…

Et surtout, ne laissons pas la place au hasard, ENTRAINONS-NOUS !